Project Description

MÉDUSE

Technique : Gravure au rayon laser. Ultra sensible, cette technologie de pointe peut à tout moment brûler le support. Outil devenu indispensable dans de larges domaines tels que les transferts inter-satellitaires, la transmission d’énergie sans fil ou dans le milieu micro-chirurgical…, à l’origine, il était aussi appelé Rayon de la mort.

Les visuels gravés sont librement inspirés des lithographies illustratives de sciences naturelles du biologiste-philosophe Hernst Haeckel(2), premières classifications des espèces présentes et référencées à l’époque. Toutes les catégories de la classification des animaux marins sont représentées —vertébrés, echinodermes, mollusques, arthropes, cnidaires et spongières—.
2- Ernst Haeckel, KUNSTFORMEN DER NATUR, Formes artistiques de la Nature. Bibliographisches Institut, 1904
HERNST HAECKEL (1834-1919), biologiste, philosophe et libre penseur. Considéré comme le père de l’écologie, il en est aussi le créateur du terme, en 1866. Il a contribué à faire connaître la théorie de Darwin, mais est aussi le père de l’idéologie moniste qui a inspiré la doctrine biologico-politique du nazisme.

Support, film dichroïque. Ce support renvoie des couleurs différentes en fonction de l’incidence de la source lumineuse et couvre un large spectre de couleurs.
Utilisé pour son prisme rappelant à la fois la surface des océans mais aussi la nacre, son jeu de reflets insaisissables rappelle le biotope des fonds marins et inscrit les gravures dans une atmosphère onirique et contemporaine. Son effet miroir renvoie au regardeur son propre comportement face à Méduse.

« Méduse mêle en ses traits l’humain et le bestial. Elle a le pouvoir d’arracher l’homme à la vie organisée pour le replonger dans l’horreur du chaos. Elle pétrifie qui la regarde.» écrit Jean Clair, écrivain, ancien directeur du Musée Picasso, historien de l’art et académicien, dans son essai Méduse (1), il précise aussi que « Selon ses premières évocations, qu’on trouvera dans les textes dès le début du VIIIe, et dans sa plastique dans la seconde moitié du VIIe siècle, sa vision est insupportable à l’œil humain. Pourtant elle se transforme, s’adoucit et se féminise et, au milieu du Ve siècle, elle devient une adorable et séduisante personne. Ces deux aspects, comme une illusion d’optique à double lecture, va perdurer à travers les siècles qui vont suivre, trahissant sa double nature. Mortifère, elle est tout aussi bien bénéfique. Elle participe, comme les anges, de deux ordres, de deux sexes et de deux mondes : thanaturge et thaumaturge, d’outre-monde et de celui-ci. Elle unit en elle ce que le conte de fées dissocie : elle est la Belle comme elle est la Bête. »
1- Jean Clair, MÉDUSE. Contribution à une anthropologie des arts du visuel. Gallimard, coll. « Connaissance de l’inconscient », 1989